Ce que nous ont laissé ceux avant nous
ALGÉRIE
- La medersa Al Khaldounia est une médersa de la ville de Tlemcen qui fut construite en 1347 sous l’ordre du sultan Abou Al Hassan. Elle fait partie du complexe religieux de Sidi Boumediene avec la mosquée qui porte le même nom, le palais du Sultan (Dar es Sultân), la zaouïa et le hammam.
- En vertu de leur grande rentabilité économique, les bains d’Alger, durant la période ottomane, étaient le plus souvent constitués en biens waqf au profit d’institutions religieuses, caritatives ou d’utilité publique.
ÉGYPTE
- La bibliothèque du Caire a été un Waqf du Khalifa Al Hakim Biamri Allah qui contenait 2,2 millions d’ouvrages, ce qui représentait 20 fois le nombre d’ouvrage de la fameuse bibliothèque d’Alexandrie au temps des romains.
- Ali Bacha avait fait une enquête sur les terres agricoles. Il a trouvé que sur 2 millions de feddans destinés à l’agriculture 600 000 sont des terres Waqf soit environ le tiers. Ainsi le Waqf a pu atténuer la pression féodale.
- Le premier à avoir organiser les biens Waqf fut Le Cadi Taoubatou bnou Namir, juge du Khalifa Hischam Bnou Abdel Malik en Egypte. Il lui consacra un Diwan particulier sous sa direction avec un compte spécial appelé « Beit mal al Awqaf » (Trésor du Waqf). Ainsi très tôt – un siècle après l’apparition de l’Islam – l’institution du Waqf fut sous la gestion et le contrôle du juge des juges au lieu d’être sous la tutelle du vizir, et fut organisée en Diwan
- Des habits spéciaux ont été financés par le Waqf pour distinguer les élèves à l’université d’El Azhar. Le premier à avoir porté ces habits est l’Imam Abou Youssouf. Cette tradition va ensuite se propager en Europe et aux Etats-Unis à l’Université d’Oxford.
- L’occupation anglaise en Egypte a donné lieu à une tentative d’égyptianisation de la langue pour l’affaiblir en lui substituant le dialecte égyptien, même dans l’université Al Azhar. Mais le Cheikh Mohamed ABDOU a lutté pour la défense de la langue arabe en consacrant une partie des fonds Waqf à l’élargissement de cet enseignement. Al Azhar qui a toujours bénéficié des fonds Waqf et est resté un des hauts lieux des sciences et du savoir Islamique dans le monde.
- La mosquée du sultan Hassan est un complexe religieux islamique de la ville du Caire. Caractérisée par l’architecture mamelouke, elle fut édifiée à partir de 1356 sur l’ordre du sultan An-Nâsir al-Hasan. Ce vaste complexe abritait à l’origine plusieurs importantes madrasas où étaient étudiés les quatre madhhab ou écoles juridiques de l’islam.
ESPAGNE
- C’est au sein de l’Espagne musulmane que furent développés les premiers awqaf du continent. Dans la seule cité de Cordoue, au temps de l’apogée de la dynastie omeyyade, on ne comptait plus les écoles et les hôpitaux fondés grâce à ce système. On doit aussi au Waqf le financement des travaux scientifiques et philosophiques d’Averroès, Avicenne ou encore ‘Ali ibn Isa qui influencent encore aujourd’hui la culture européenne et arabo-musulmane.
- A Cordoue, sous le règne d’Al-Hakam bin AbdulRahman III, il y avait eu 27 écoles élémentaires parrainées par Awqaf dans les quartiers de la ville.
INDONÉSIE
- En Indonésie la colonisation hollandaise a essayé, à travers l’Eglise, de christianiser la société indonésienne. Et c’est grâce aux écoles islamiques édifiées par le Waqf, qui étaient éparpillées dans les quatre coins de l’Indonésie, que l’identité islamique de ce peuple a été et continue d’être préservée.
- La renaissance islamique observée aujourd’hui en Indonésie, est le fruit, selon les observateurs occidentaux du dynamisme de la jeunesse des écoles rurales appelée Madrasa (Madrasa or Sokolah of Islam), et qui sont érigées en Waqf.
IRAQ
- Vers le milieu du dixième siècle à Mossoul, une immense bibliothèque a été créée à partir d’un waqf pour tous les chercheurs. Elle offrait des bourses aux chercheurs les plus démunis. Une autre bibliothèque à Bagdad s’est vue attribuer une extension par le biais du waqf pour héberger et nourrir les chercheurs étrangers gratuitement. D’un autre côté, les awqaf n’étaient pas dédiés uniquement aux services de base, mais offraient aussi des produits de luxe à tous les citoyens de la ville.
- Le complexe médical Mouristân de Bagdad ainsi que l’hôpital Mansouri ont été fondés grâce au Waqf de la bibliothèque d’Ibn Annafîss qui a découvert le système circulatoire.
MAROC
- Au Maroc, le ministère des Habous existe depuis près de trois siècles (depuis 1140 de l’hégire).
- Le Waqf servait à financer les lieux du culte (les mosquées) et parfois était destiné directement aux deux lieux saints de l’Islam, aux écoles coraniques qui étaient toutes tributaires des fonds du Waqf au Maroc, mais aussi aux auspices destinés aux pauvres, aux malades, aux handicapés mentaux, aux écoles, aux tribunaux musulmans, etc. Il finançait aussi les fortifications militaires, l’infrastructure routière et les adductions d’eau, la couverture des déficits régionaux lorsque l’intérêt public l’exigeait.
- Le waqf a permis de mettre en place d’innombrables Zaouiya et écoles à Fès, Marrakech et dans le Rif marocain.
- La mosquée Al-Qarawiyyîne de Fès (Maroc), qui devint ultérieurement la première université dans le monde, fut une donation de Fâtima Al-Fihriya. La pieuse dame avait hérité de la fortune de son père tunisien. Elle voulut bâtir une mosquée pour les musulmans, aussi acheta-t-elle des terres, fit creuser un puits et fabriquer sur place tous les matériaux nécessaires à l’ouvrage : tout devait provenir de ses biens acquis, elle refusait de solliciter autrui ; l’eau lui appartenait puisque tirée de son puits, les pierres parce qu’issues de ses terres. Elle réserva une de celles-ci pour accueillir la mosquée, dont la construction devait débuter au mois de Ramadan de l’an 245 H, selon ses vœux.
- Emboîtant le pas à sa sœur, Maryam Al-Fihriya fit pousser de terre la mosquée Al-Andalousiyyîne à Fès également. Marrakech aussi fut dotée de la mosquée Bab Doukkala par lalla Mass‘ouda Bint Ahmad Al-Ouzguiti Al-Ouarzadi, mère du roi Ahmad Al-Mansoûr Adh-dhahbî. Le waqf de la mosquée se répercutait sur le financement de tous les acteurs et toutes les activités ayant attrait à l’édifice (le muezzin, celui qui alignait les rangs, ceux qui réveillaient les gens pour la prière, etc.).
OUZBEKISTAN
- La mère de Holako a construit deux écoles en biens Waqf, chacune disposant de mille étudiants.
- L’ouvrage d’Avicenne (Ibnou Sina), comme ceux d’autres savants, a bénéficié du système du waqf pour sa traduction en plusieurs langues.
PALESTINE
- Les biens Waqf datent de l’époque de la conquête musulmane. Ainsi toutes les constructions qui entourent la mosquée Al Aqsa et le Haram Al Ibrahimi dans la ville d’Alkhalil sont des biens Waqf. C’était le Conseil islamique supérieur, formé par les autochtones musulmans élus qui dirigeait les affaires religieuses.
PHILIPPINES
- L’exemple le plus connu d’un waqf de famille est « Jami’atul Philippine al-Islamiyah » établie par une éminente famille à Marawi City. Il a établi la seule université musulmane dans le pays, destinée exclusivement aux étudiants musulmans. Étant donné qu’une partie du revenu net revient à la famille du fondateur, le waqf ne bénéficie pas d’exonération fiscale. Ce waqf est gérée par un conseil présidé par le fils aîné du fondateur. Ce waqf constitue une exception : il y a très peu d’autres awqaf de famille aux Philippines.
SICILE
- Ibn Haoukal avait répertorié 300 écoles coraniques (Kouttab) toutes financées par le Waqf, dont certaines pouvaient contenir plusieurs centaines, voire plusieurs milliers d’enfants. Certains awqaf étaient destinés à l’achat des fournitures scolaires pour les enfants de la Mecque et de Médine.
SINGAPOUR
- Syed Abdul Rahman Alsagoff était un commerçant d’épices venu à Singapour. Son fils, Syed Mohamed bin Ahmad Alsagoff (1836-1906), était surtout connu pour ses contributions aux activités caritatives islamiques. Il a mis en en place le Fonds Wakaf SMA (Sayyid Muhammad bin Ahmad) en faisant don de neuf propriétés. Après sa mort en 1906, le fonds a été dédié à l’entretien d’une mosquée, des lieux de sépulture, et des écoles non seulement à Singapour, mais aussi dans la région. Il a également créé le Muslimin Trust Fund Association (MTFA) en 1904 à une époque où il n’y avait aucune organisation nationale soucieuse du bien-être des musulmans pauvres, défavorisés et des orphelins musulmans.
- Après le décès de Syed Mohamed bin Ahmad Alsagoff, la famille Alsagoff a déployé de grands efforts pour les fondations waqf. Douze propriétés qui ont été mises en waqf par la famille sont actuellement encore génératrices de dividendes.
- En 2015, 98 propriétés waqf à Singapour étaient actives dont 68 propriétés en Waqf succession et 30 en waqf de trésorerie. Elles sont situées dans le quartier central de la ville de Singapour.
SOUDAN
- La véritable renaissance du Waqf a eu lieu à partir de l’an 1991 après la parution de textes réglementaires concédant à l’Office du Waqf des avantages variés. On compte, parmi ces avantages, la dotation de l’Office : de terres autrefois exploitées par les pouvoirs publics, de lots de terrains à usage commercial et habitation.
- Deux types de projets ont été lancés : les projets spéciaux et les projets communs. Parmi les projets spéciaux on distingue particulièrement « le Waqf de l’étudiant » qui a été lancé en collaboration avec le Fonds National des Etudiants Soudanais.
SYRIE
- Ibn Joubeir nous informe qu’à son époque (7ème siècle de l’hégire) il avait recensé 400 écoles Waqf à Damas.
- La mainmise des autorités coloniales sur les biens Waqf a entraîné une forte réaction de la part des Oulémas et de la communauté en 1352 de l’hégire, suivie d’un congrès national pour la défense de cette institution quelques années après.
- Au 12ème siècle, Saladin a construit une fontaine dans le château de Damas qui permettait de fournir de l’eau sucrée et du lait deux fois par semaine.
- La bibliothèque de Banou Amar à Tripoli en Syrie où 180 personnes travaillaient à la reproduction des livres jour et nuit contenait un million d’ouvrages.
- La plus grande usine mécanique ottomane fabriquait et entretenait le matériel ferroviaire. Malheureusement, les colons français ont vendu la concession à une société française, pour enterrer à jamais l’existence de ce réseau unifiant le monde islamique par les transports.
- La Grande-Mosquée : Sinān Bāšā était gouverneur de la Province quand il assiste, en 995/fin 1586-1587, à la pose de la première pierre de la fondation de la Grande-Mosquée. Le puissant gouverneur décida, comme ses prédécesseurs Muṣṭafā Lālā Bāšā, Darwīš Bāšā ou Murād Bāšā, de bâtir hors-les-murs. L’emplacement choisi est cependant exceptionnel : il est situé à l’extérieur de Bāb al-Ǧābiya, au carrefour de la voie Droite, de la grande artère qui longe les murailles de la ville et mène vers les faubourgs méridionaux, et de deux rues s’enfonçant dans les quartiers ouest.
TURQUIE
- Il y avait un Waqf spécifique destiné à nourrir les oiseaux dans une place publique, un autre destiné à déblayer la chaussée de la neige, et même un Waqf pour dédommager les familles lorsque leur aide-ménagère cassait leurs assiettes de valeur.
- Il existe actuellement un Waqf d’accomplissement religieux, qui a consisté à transformer en Waqf l’organisation du pèlerinage, ce qui protège le pèlerin d’une exploitation privée, et approvisionne les caisses du Waqf des bénéfices réalisés.
- La ligne ferroviaire Waqf de la Khélafa Ottomane : durant le règne du Sultan Abd El Hamid, les autorités Ottomanes, qui étaient responsables des lieux saints, ont pensé édifier une ligne ferroviaire qui relie Damas à la Mecque, offrant ainsi aux pèlerins des conditions de rapidité, de sécurité et de confort sans précédent.
TUNISIE
- La Grande Mosquée Ez-Zitouna est l’une des Mosquées les plus anciennes et les plus célèbres en terre d’Islam toute entière puisqu’elle a été fondée par Oubeidullah Ibn Al-Habhab en l’an 116 de l’Hégire (734 G.). Ce qui a fait la renommée de cette mosquée, ce n’est pas seulement le rôle qu’elle a joué en tant que lieu de prière et de culte mais également et surtout le rôle scientifique et culturel qu’elle a assumé à travers les temps, depuis le début du deuxième siècle de l’Hégire.