Historique du waqf
C’est surtout à partir du Ve siècle de l’Hégire que les awqaf ont pris une grande ampleur dans tout le monde arabo-musulman. Ils concernaient des fondations religieuses (mosquées, zaouïas), des madrasas, des hôpitaux, et des donations diverses (terres, bâtiments, etc.)
Décrivant l’œuvre des Mamelouks turcs d’Égypte depuis le règne de Salâh ad-Dîn, Ibn Khaldoun explique que ceux-ci, inquiets pour leurs descendants, avaient effectué de nombreuses fondations, parmi lesquelles des collèges, et qu’ils avaient désigné leurs enfants pour les administrer.
En Espagne musulmane, à l’apogée de la dynastie omeyyade, dans la seule cité de Cordoue, on dénombrait de nombreux hôpitaux et écoles issus de awqaf. Ces fondations permirent de financer, entre autres, les travaux scientifiques et médicaux d’Ibn-Rushd (Averroès), d’Ibn Sînâ (Avicenne) et de l’hophtalmologue ‘Ali Ibn Isa, puisque, comme à peu près dans toutes les madrassas, les étudiants étaient pris en charge par le waqf.
Ailleurs, les fonds de awqaf ont été utilisés, par exemple, pour la construction de l’hôpital et de l’école de médecine de Dar al-Shifa en Égypte en 875 AH, du complexe médical Mouristân à Bagdad et l’hôpital Mansouri, pour les bénéfices desquels Ibn Annafîss – celui qui découvrit le système circulatoire – donna sa maison et sa bibliothèque comme waqf.
En Perse, à Ispahan, à Hérat, ainsi qu’à Boukhâra et Samarquand, de même que dans l’Inde, des fondations identiques avaient été effectuées.
Une grande partie des donations concernait aussi des terres.
Dans l’empire ottoman, les awqaf occupaient les trois quarts des surfaces cultivées ; en Algérie, au milieu du xixe siècle, la moitié ; en Tunisie le tiers. En Égypte, en 1935, ils représentaient 14,3 % des terres cultivables, qui ne profitaient pourtant qu’à 0,5 % de la population. C’étaient ainsi environ 300.000 hectares de terres cultivables qui étaient devenues inaliénables sous forme d’awqaf.