Le Vizir Ali ibn Isa al-Jarrah
Ali ibn Isa ibn Daoud al-Jarrah (Dayr Qunna, 859 – Bagdad, 1er août 946), était un responsable persan du califat abbasside. Issu d’une famille ayant une longue histoire de service dans le gouvernement abbasside, il a accédé au pouvoir à la cour abbasside en tant que vizir en 913–917, 918–923 et 927–928.
Sa carrière politique, coïncidant avec le déclin final de l’État abbasside, était mouvementée, marquée par une lutte de pouvoir avec son rival, Abou Ali Hasan Ali ibn al-Furat.et ses partisans, entraînant de fréquentes périodes d’exil. Contrairement aux largesses et aux extravagances d’Ibn al-Furat, Ali ibn Isa était austère et un adversaire déterminé de la corruption, ce qui lui a valu de nombreux ennemis. Néanmoins, il a été plus tard considéré comme le « bon vizir » pour son talent administratif et son honnêteté.

Un très bon homme d'état
Il était un maître comme homme d’État. C’était un homme supérieur, religieux, scrupuleux, menant une vie d’austérité et d’abstinence.
« Je ne sache pas, a dit Souli, que les Abbâsides aient eu un vizir qui ressemblât à Ali, fils d’Isa, quant à son abstinence, sa chasteté, sa connaissance par cœur du Coran, sa science du sens intime de ce livre, son habileté comme écrivain et comme calculateur, ni qui ait fait autant d’aumônes et d’œuvres charitables que lui. »
Le revenu qu’’Ali Ibn ‘Isa retirait, chaque année, de ses domaines ruraux était, dit-on, de plus de 80.000 dinars, dont il dépensait la moitié au profit des pauvres et des indigents, et l’autre moitié pour lui, sa famille et ceux qui lui étaient attachés.
Il s’occupa activement des affaires du vizirat, mit de l’ordre dans les bureaux et la comptabilité, et en établit les règles fondamentales. Son époque fut la meilleure époque d’un vizir.
Le plus grave défaut, dit-on, qu’on ait eu à reprocher, à ‘Ali fils d’Isa, c’est qu’on disait de lui qu’il considérait trop les détails des affaires, en sorte que, souvent, ils lui firent perdre la vue de l’ensemble.
Lorsqu’il fut investi du vizirat, ses aumônes et ses œuvres charitables se répandirent partout. Il tenait audience pour redresser les griefs depuis l’aube jusqu’à l’heure du ‘asr.
Il se bornait à la nourriture la plus frugale et au vêtement le plus grossier.
Il constitua en waqf (fondations pieuses) plusieurs immeubles, faisant partie des domaines du Sultan, et créa spécialement pour eux un bureau, qu’il appela « Bureau des œuvres pies », dont il destina les revenus à l’entretien des places frontières et aux deux villes saintes et nobles.
Un exemple de son comportement en gestion de waqf
Lettre d’Ali ibn Isa au sujet de l’administration des fonds d’un hôpital.
Cet établissement, situé à Al-Mukharrim, était connu sous le nom d’hôpital de Badr al-Mu’tadhidi et il s’entretenait grâce à la moitié des fonds d’un waqf, ou d’une fiducie religieuse fondée par la mère turque d’al-Mutawakkil, l’autre moitié étant distribuée mensuellement parmi les Hashimites ou membres de La famille du Prophète (Prière et bénédiction sur lui).

À ce moment, l’administrateur de ce waqf était un certain Suqr al Kalwadhi d’Abu. Sinan se plaignait à Ali qu’il favorisait les Hashimites aux dépens de l’hôpital: l’hiver était au rendez-vous et les patients n’avaient pas assez de carburant, de provisions et de couvertures. Ali a immédiatement écrit au dos de la lettre de Sinan une note à Abu’s-Suqr lui faisant des remontrances. Le fait qu’il ait favorisé les puissants Hashimites au détriment des misérables détenus de l’hôpital était une réaction particulièrement préjudiciable à son honnêteté et à sa charité. Il a exigé que Abu’s Suqr fournisse à l’hôpital tout ce qu’il lui fallait, qu’il corrige le détournement des fonds et qu’il fournisse un rapport pour montrer exactement comment les dépenses ont été dépensées.
Sources :
Extrait : https://histoireislamique.wordpress.com/2014/09/28/regne-du-calife-abbasside-al-muqtadir-908-932-et-apparition-des-fatimides-par-al-tiqtaqa-du-kitab-al-fakhri/
Extrait : the life and times of Ali Ibn Isa