Les champs d’action du waqf
Les différents domaines d’intervention du waqf
Le waqf peut recouvrir tous les domaines de la vie, à savoir l’agriculture, le transport, l’industrie, l’éducation, la justice, la santé, le tourisme.
En bref, de l’eau potable jusqu’à l’université en passant par la construction des écoles, des lycées, des barrages et des routes.
Le waqf a servi à la mise en place et au financement de nombreuses fondations d’utilité publique recouvrant plusieurs secteurs d’activités.
Nombreux sont les écoles, les centres de formation, les universités, les hôpitaux, les pharmacies, les dispensaires et les œuvres sociales qui ont bénéficié d’immobilisation au titre du waqf.
Certaines écoles Waqf sont devenues d’énormes centres universitaires grâce aux multiples services dont bénéficiaient les étudiants, à savoir : bibliothèques, cantines, dortoirs, chambres, bains maures, bourses d’études, etc.
Certains Waqf étaient destinés à la fabrication du papier pour le mettre à la disposition des étudiants et des professeurs.
Les écoles Waqf étaient l’illustration d’un système éducatif indépendant et impartial. Les pauvres bénéficiaient de divers soutiens matériels, financiers et scolaires leur permettant d’avoir les mêmes chances que les riches. En plus d’une bourse d’étude, ils avaient droit aux fournitures scolaires, à la cantine et à l’habillement.
Certains Waqf étaient destinés à l’achat de fournitures scolaires et d’habillement pour les enfants nécessiteux.
Les habitants des campagnes pouvaient poursuivre des études supérieures en ville grâce au système universitaire du Waqf.
Au 13° siècle -qui fût le Moyen Âge en Europe- il y avait 400 écoles Waqf dans la seule ville de Damas, 300 en Sicile. Certaines écoles regroupaient des milliers d’écoliers.
Parmi les universités qui étaient créés et financés par le Waqf figurent les universités de Az-Zaïtouna en Tunisie (actuellement dissoute) AL-Aqsa en Palestine, Al- Azhar au Caire, Karaouiyne au Maroc.
La plupart des savants musulmans ont été formés grâce à l’argent du Waqf.
Les Oulamas léguaient leurs bibliothèques en biens Waqf.
Les enseignants étaient payés par le Waqf, ce qui les rendait indépendants moralement et matériellement du pouvoir public.
Aussi, les magistrats étaient rémunérés avec les ressources du Waqf, ce qui a permis à la justice d’être digne de ce nom grâce à l’indépendance des magistrats.
Le Waqf s’est élargi au domaine médical et à d’autres domaines connexes comme la pharmacie, le secteur vétérinaire, les écoles de médecine et hôpitaux.
Le Waqf finançait les hospices destinés à accueillir des personnes âgées, des infirmes, des sans abri.
Le waqf s’étendit même aux animaux y compris les oiseaux. En Turquie, il y avait un waqf spécifique destiné à nourrir les oiseaux dans les places publiques, un autre destiné à déblayer la chaussée de la neige et même un waqf pour dédommager les familles lorsque leur aide-ménagère leur cassait des assiettes de valeur. A Fès, au Maroc, il y avait un waqf destiné à la protection des animaux.
Outre le système d’adduction d’eau, il existait un ravitaillement en eau grâce à des fontaines publiques alimentées par des porteurs d’eau rémunérés par le système waqf. Ces fontaines s’appelaient ‘‘sabil’’ (la voie, pour la cause de Dieu).
Le waqf finançait les grands travaux hydrauliques comme la construction et l’entretien des aqueducs qui assurent l’alimentation en eau sur l’ensemble d’un territoire.
Le tiers des terres agricoles en Egypte et en Turquie étaient des terres Waqf.
Le Waqf comporte de multiplies avantages
Il a permis la protection de l’islam et de la langue Arabe qui étaient exposés à de graves menaces durant la colonisation.
Il a permis aux pauvres d’avoir accès à l’enseignement supérieur.
Il a été à l’origine de la création des plus grandes bibliothèques de l’histoire du monde Musulman.
Il a institué un système éducatif authentique, adapté aux besoins de son temps.
Il a contrecarré et affaibli le système féodal en procédant à la distribution des terres agricoles.
Il a permis aux minorités musulmanes de se prendre en charge et de préserver leur identité.
Le rôle du waqf dans la lutte contre la pauvreté et le sous-développement
Nous assistons ces derniers temps à un retour en force du waqf dans de nombreux pays musulmans. Ce regain d’intérêt pour cette tradition trouve son explication dans la prolifération des fléaux de la misère et de la pauvreté, d’une part et dans l’échec des modèles de développement exogènes, d’autre part.
La plupart des peuples concernés par l’aide au développement ont réalisé que cette aide ne les sert point, elle sert plutôt les donateurs. De plus, ils ont constaté que les politiques de lutte contre la pauvreté n’ont porté aucun fruit.
A cet égard, les promesses non tenues sont nombreuses. Pour ne citer qu’un exemple récent : en 1974, les pays riches avaient promis d’« éliminer la pauvreté » en l’an 2000.
Or, il a été constaté qu’à cette date, non seulement la pauvreté n’a pas été éliminée, mais elle a augmenté. En 2000, on comptait 2,7 milliards d’individus vivant au-dessous du seuil de la pauvreté, soit près de la moitié de la population mondiale.
En 2003, le nombre de pauvre a augmenté de 100 millions, atteignant 2,8 milliards. Cet objectif n’a pas été atteint parce que les pays riches n’ont pas tenu leurs engagements. Plus grave, « ils ont mené des politiques commerciales, financières et technologiques renforçant les causes de l’appauvrissement continu des populations déjà dans le dénuement »
Face aux échecs successifs des expériences en question, les peuples musulmans ont compris qu’ils doivent se prendre en charge eux-mêmes et résoudre leurs problèmes internes avec leurs propres concepts et leurs propres moyens.
D’où le retour au concept de waqf. Celui-ci doit s’inscrire dans un vaste programme impliquant des efforts intenses de la part des musulmans aisés pour réduire la pauvreté et sortir leur pays des affres du sous-développement.
Ce système est déjà opérationnel dans de nombreux pays. Il fonctionne sous forme de fonds divers gérés, soit par des individus, soit par des organismes publics ou privés, telles les ONG et les associations à caractère humanitaire.
On trouve par exemple des Fonds waqf destinés au forage des puits et à l’adduction d’eau potable.
D’autres concernent l’assistance médicale et la lutte contre la propagation des maladies.
Des fonds waqf servent à prendre en charge la scolarité et la formation des orphelins, à financer les écoles, les centres de formation et d’alphabétisation, des fonds waqf destinés à financer des projets de micro crédits pour les familles pauvres, d’autres servent à financer l’aide alimentaire au profit des pauvres et des nécessiteux, d’autres waqf ont pour mission de construire des logements pour les étudiants.
Le waqf s’applique à financer des pharmacies populaires ayant pour but d’attribuer gratuitement ou à prix bas des médicaments aux pauvres, des restaurants populaires de type restaurants du cœur sont également financés par le waqf.
Le waqf s’étend à la protection de l’environnement, à la culture et à la pensée. Le fond waqf pour la protection de l’environnement a pour objet de sensibiliser aussi bien l’opinion que les autorités sur l’importance des problèmes de la pollution et de ses conséquences néfastes sur l’environnement en général et sur la vie des citoyens en particulier.
Le fond waqf pour la culture et la pensée vise à développer la culture et l’esprit de créativité à travers la création de bibliothèque, la promotion de la recherche scientifique, des conférences, tables rondes
Source : Waqf et développement par Maître Simozrag