Pourquoi AL WAKF FRANCE existe-t-il ?
De nos jours, la France jouit d’une riche diversité religieuse[1]. Cette dernière prend en considération une population multiconfessionnelle comprenant des communautés chrétiennes, juives, musulmanes ou encore agnostiques. L’expression « communauté musulmane » prend en compte une réalité sociologique et démographique importante, qui dépasse la notion seule d’appartenance religieuse.
Depuis la seconde moitié du XXe, la communauté musulmane s’est imposée en France métropolitaine comme la deuxième religion du pays. Le nombre de ses fidèles demeure toutefois incertain, en l’absence de données officielles et de définition claire qui en délimite l’appartenance. On avance généralement un chiffre compris entre 4 et 7 millions de personnes en fonction de l’addition plus ou moins pertinente des musulmans pratiquants, croyants ou sociologiques. Ce nombre s’explique essentiellement par les épisodes migratoires qui ont définitivement fini d’installer l’islam en France[2].



L’estimation de l’évolution de la population musulmane dans les prochaines années est délicate en l’absence de recensement religieux. Le Pew Research Center estime la présence musulmane à 7,5% aujourd’hui qui pourrait passer à 10,9% d’ici 2050[6].
Ne parlant que du financement de la construction et de l’entretien des mosquées, volet le plus important du culte musulman, celui-ci est assuré majoritairement par la communauté de fidèles français elle-même par le biais de leurs dons lors de la quête du vendredi, ou lors des grandes fêtes religieuses.
Aussi, de nombreuses associations ou groupes de fidèles font le choix de ne pas se constituer en association cultuelle peu sensible aux arguments administratifs ou fiscaux. Ce qu’il faut retenir est que les associations souhaitant gérer un lieu de culte peuvent le faire au travers d’association cultuelle ou encore d’association de 1901.
Dans un élan macro social, les gouvernements successifs ont tenté d’établir des institutions susceptibles de représenter la population musulmane dans ses rapports avec les pouvoirs publics. Profondément plurielle, la diversité musulmane française a du mal à se reconnaitre un carcan si élégant soit-il. De vaines tentatives s’en sont suivies telle la Fondation pour les œuvres de l’Islam de France créée par décret le 31 mai 2005.
Ainsi, les français de confessions musulmanes sont capables malgré leurs moyens, de collecter des fonds pour la construction de leurs lieux de cultes, pourtant leur développement semble entravé : la solution réside peut-être dans de nouvelles formes d’organisation de leurs ressources ?
UNE SOLUTION : AL WAKF FRANCE
Dans la réalité, pour le tissu associatif musulman français, le don en soit n’est pas infini, et chaque euro donné est un euro qui ne sera pas partagé entre plusieurs associations.
AL WAKF FRANCE, aujourd’hui, pourrait être comparé à un pourvoyeur de fonds qui pour le moment se focalise sur trois missions : le financement des établissements privés musulmans sous contrat d’Etat, des bourses d’études pour des imams en cursus universitaire et l’édition d’ouvrages de présentation de l’islam.
AL WAKF FRANCE n’est pas une association mais une institution waqf, ce qui est différent. En effet le waqf n’est pas une cause mais un outil, il n’est pas un pourquoi mais un comment, il n’est pas une fin mais un moyen. Pour faire simple, donner pour AL WAKF FRANCE ne signifie pas donner pour une cause en particulier mais soutenir la pérennité de celle-ci. Plus encore, donner à AL WAKF FRANCE ce n’est pas donner 1 € à consommer mais 1 € à investir. C’est devoir donner aujourd’hui pour ne plus avoir besoin de donner demain. Ce n’est pas donner une fois, c’est donner pour toujours.
Ce don perpétuel renvoie à une récompense perpétuelle, parce que c’est un don continu. C’est en cela qu’AL WAKF FRANCE aide les donateurs à accomplir leur « Sadaqa Jariya », c’est donc sa nature profonde mais pas son objectif. C’est ce que nous sommes mais pas ce que nous voulons faire. Notre volonté est d’aider le culte musulman à être indépendant. Nous voulons que toutes les causes soient défendues et que tous les objectifs soient réalisés. Nous voulons que nos actions soient durables, qu’elles dépassent nos propres existences.
AL WAKF FRANCE a décidé d’aborder le problème de la dépendance financière sous un angle nouveau. AL WAKF FRANCE est un outil de finance dans l’optique d’améliorer la gestion financière des associations au service de la communauté musulmane. AL WAKF FRANCE est plus capable qu’une autre institution de gérer le denier du culte musulman. AL WAKF FRANCE a l’ambition d’être le leader national non parce qu’il est le seul mais parce qu’il fédère autour de lui des centaines d’associations au service de millions de français de confession musulmane.
Pour expliquer plus concrètement l’intérêt de l’existence d’AL WAKF FRANCE, comparons la gestion actuelle du tissu associatif et la gestion rendue possible par le système du waqf, en prenant l’exemple d’une mosquée de quartier.
Dans l’immense majorité des cas, les mosquées se financent grâce à la générosité des fidèles. C’est ainsi qu’elles paient leurs dépenses courantes (paiement de factures, etc.) avant d’envisager des investissements (travaux, etc.), avec l’épargne restante. Tout en payant les dépenses courantes, la mosquée devra donc épargner le montant nécessaire aux éventuels travaux d’agrandissement, ce qui lui prendra de nombreuses années. Le problème continuera une fois les travaux achevés : le passage d’une salle de prière à la mosquée conduit à un entretien plus élevé. Le bilan de la gestion financière de nos mosquées est sans appel : ce sont des puits spirituels mais des gouffres financiers.
Le waqf permet d’améliorer la gestion de notre mosquée. Elle décide d’affecter toutes ses ressources (son épargne et ses biens immobiliers) dans une perspective d’investissement. Les bénéfices sont multiples et s’observent à tous les horizon-temps. A court terme, la mosquée met à disposition un service (une librairie, un local etc.) à la communauté des fidèles. A moyen terme, la mosquée augmente ses ressources financières et allège la charge que fait porter l’entretien de la mosquée sur les fidèles. A long terme, la mosquée est capable de se financer plus rapidement et être plus ambitieuse dans ses projets d’infrastructures.
Et AL WAKF FRANCE dans tout ça ? AL WAKF FRANCE se veut être un instrument levier, non pas pour une seule association mais pour tout le tissu associatif français dans le but d’améliorer sa gestion, et par là-même permettre l’épanouissement des musulmans de France dans leur quotidien. AL WAKF FRANCE souhaite, par le biais de subventions, soutenir le fleuron du tissu associatif musulman, en faisant la promotion de son modèle innovant tout en soutenant le développement du capital humain de la communauté musulmane.
[1] Le classement Pew Research classe la France 25e sur 232 en termes de diversité religieuse
[2] Rapport d’information sur l’organisation, la place et le financement de l’Islam en France et de ses lieux de cultes, 2016, p. 22
[3] Sondage IFOP, Analyse : 1989 – 2009 Enquête sur l’implantation et l’évolution de l’Islam de France, 2009
[4] Sondage IFOP, Analyse : 1989 – 2009 Enquête sur l’implantation et l’évolution de l’Islam de France, 2009
[5] Sondage IFOP, Analyse : 1989 – 2009 Enquête sur l’implantation et l’évolution de l’Islam de France, 2009
[6] Pew research center, Global religious diversity, 4 Avril 2014